Bonjour à toustes,
Depuis dimanche, nous avons (toujours) la gueule de bois. La gueule de bois à cause du score élevé d’un parti qui lutte ouvertement contre nos droits et ceux de nos adelphes racisé·es. La gueule de bois face au coup de poker d’un président qui joue nos vies pour essayer d’exister. La gueule de bois face à l’actu internationale.
Ce mois de juin n’a pas un goût de célébration de nos identités multiples et joyeuses. Mais plutôt un goût de révolte. Comme en 1969, lors des émeutes de Stonewall, où face à une énième descente de flics dans un bar queer, les Trans Pédé·es Bi·Gouines (TPG) se sont révolté·es et ont démarré une émeute. Ça a été le début des Prides.
Cette année, peut-être plus que les précédentes, on a envie de crier, de dire que l’on est là, que l’on existe et que l’on ne va pas disparaître. Nos identités sont belles, multiples et précieuses. Alors on va faire ce que l’on fait de mieux : lutter et protéger nos communautés. Parce qu’à l’heure où des personnes qui veulent nous voir mort·es arrivent aux portes du pouvoir, prendre soin de soi et de ses proches est un acte militant.
En attendant, dans cette newsletter, on a décidé de maintenir le thème que l’on avait choisi d’aborder : la parentalité en dehors du couple monogame. Parce que oui, on a aussi besoin de tendresse et de paillettes. On vous offre une pause militante, une respiration face à cette actualité anxiogène, qui, nous l’espérons, vous touchera.
Etre en couple libre et avoir des enfants
Le modèle monogame reste une norme ancrée en France. Pourtant, il est possible de faire famille autrement.
Sur un tapis d’éveil, Charlie*, un an et demi, s’amuse avec les sons de son balancier. Samia*, 37 ans, garde un œil sur lui. « Il est beau hein ? C’est notre petite merveille. » À ses côtés, Alix*, 34 ans, s’occupe du goûter. « Pendant les premiers mois, ça a été compliqué d’avoir une vie en dehors de lui. Maintenant qu’il commence à grandir, on peut se permettre de reprendre du temps pour nous. » « On peut surtout dormir », ajoute Samia dans un rire.
Ensemble depuis 5 ans, Alix et Samia ont longtemps réfléchi à leur modèle de couple non-exclusif. Est-ce bien raisonnable de continuer à être en couple libre une fois mamans ?
Est-il possible de faire famille autrement qu’à travers le modèle classique de deux parents ? Et l’enfant dans tout ça ? Quelle place pourra-t-il avoir ? « Ces interrogations nous ont vraiment pris la tête parce que tout le monde avait un avis à nous partager, lâche Alix. Ce qu’on a le plus entendu dans nos cercles d’ami·es, c’est que cela risquait de déséquilibrer notre enfant. On a toujours pas compris pourquoi, mais bon. » Après plusieurs mois de réflexions et de longues conversations, « on s’est rendu compte que l’on avait vraiment envie d’avoir un bébé ensemble et de rester en couple libre », souligne Samia.
Des soirées célibataires
Après deux ans à deux, dont la période de la grossesse, elles s’autorisent à nouveau à faire du sexe en dehors de leur couple.
« On appelle ça, nos soirées célibataires, continue Alix. La seule différence depuis l’arrivée de Charlie, c’est que nous alternons. On ne prend plus ces soirées ensemble, mais à tour de rôle. » Le temps d’une soirée, elles s’autorisent à sortir seule et à profiter de ne pas avoir la responsabilité de Charlie. « Au début ça a été un peu difficile, je culpabilisais beaucoup, reconnaît Samia. Mais j’ai toute confiance en Alix et puis ça fait du bien aussi de souffler, à tour de rôle. »
Être en couple non-exclusif et avoir des enfants, reste aujourd’hui encore mal vu par une partie de la société, y compris par certaines personnes LGBTQI+. « Moi je suis en couple libre, mais le jour où je me pose avec un mec et qu’on a un enfant, ça sera nous trois uniquement », reconnaît Andréas, 27 ans. Pareil pour Séverine, 32 ans. « On s’amuse en ce moment avec ma compagne et d’autres, mais je pense que quand on aura un enfant, d’ici deux ans, on n’aura plus le temps et on aura envie d’autre chose. En tout cas, moi j’envisage pas ça du tout. »
« Ça a été ma première vraie dispute de couple, se souvient Antoine*, 42 ans. Il y a dix ans j’étais très amoureux et en couple libre. On voulait un bébé ensemble mais lui n’envisageait pas un instant de pouvoir continuer cette vie-là une fois papa. On a essayé de passer en monogame pendant plusieurs mois et ça n’a pas fonctionné pour moi. » Peu après, lors des Gay Games, Antoine rencontre Sylvain*. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble et aucun des deux n’envisage le couple à travers la monogamie. « Cela ne veut pas dire que tous les soirs je suis avec un fuckboy différent, souligne Antoine, ça veut juste dire que je n’envisage pas que cela me soit interdit. »
Pour lire la suite, c’est par ici :
📣 En bref 📣
Le 30 juin et le 7 juillet : on vote aux législatives ! En cas d'absence, n’hésitez pas à faire une procuration. Si l’extrême droite arrive au pouvoir, la proposition de loi qui vise à interdire les transitions aux mineur·es, pourrait être adoptée à l’Assemblée. Le Rassemblement national avait même déposé une proposition de loi en ce sens. Afin d’en savoir plus, vous pouvez lire cet article qui décrypte ce qu’il y a dans ce texte et celui-ci qui revient sur la manière dont ça a été débattu au Sénat. Pour rappel, le RN - FN n’est pas un allié des LGBTQI+. Jamais. D’ailleurs il n’aura pas fallu plus que quelques jours après la dissolution pour que l’on entende « Vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD autant qu’on veut » de la part d’un des leaders du GUD lors de sa garde à vue.
Japon. Fin mai, une ville japonaise a inscrit dans ses registres un couple gay : Keita Matsuura et Yutaro Fujiyama. Une première dans un pays où le fait d’être LGBT+ n’est toujours pas reconnu. Dans un premier temps, la ville a proposé d'enregistrer Yutaro Fujiyama en tant que parent de Keita Matsuura, mais après réflexion, elle a accepté ce mois-ci de l'enregistrer en tant qu'époux.
🌈 Agenda des Prides 🌈
Ce mois de juin est aussi le mois des Prides, des marches politiques qui rappellent que nos droits ne seront jamais acquis. Voici les prochaines dates :
Samedi 15 juin : Avignon, Metz, Montpellier, Rennes, Strasbourg, Saint-Martin-en-Haut, Toulon, Tours
Dimanche 16 juin : Pride Radicale - Paris
Samedi 22 juin : Albi, Brest, Epernay, Perpignan, Pride des Banlieues - La Courneuve
Samedi 29 juin : Amiens, Biarritz, Calais, Carcassonne, Laval, Paris
Samedi 6 juillet : Marseille, Quimper
Samedi 29 juillet : Chenevelles
Samedi 14 septembre : Clisson
Samedi 28 septembre : Pau
⭐ Recommandations ⭐
Deux livres pour parler parentalités.
Faire famille autrement de Gabrielle Richard (15 €, Binge Audio Editions) et Gosses d’homos de Kolia Hiffler-Wittkowsky (19,90 €, Max Milo Editions). Dans son ouvrage Kolia Hiffler-Wittkowsky donne la parole aux enfants né·es dans des couples lesbiens. Un livre rare autant que nécessaire qui vous fera passer du rire aux larmes. Quant à Gabriel Richard, elle nous invite à réfléchir à d’autres manières de faire famille, loin des normes de genres et des inégalités qu’elles induisent.
Un podcast chill.
Amicalement Gouine, un podcast de Sacha Kridelka (Spotify). Bienvenue dans le salon de Sacha, pour des discussions ouvertes et intimes entre gouines. Le but ? Décomplexer, déculpabiliser, et réconforter toute personne se reconnaissant de près ou de loin dans l’identité lesbienne. Dynamiques relationnelles, parcours queers, coming out, late bloomers… C’est tendre, sympathique, rassurant. Ce podcast nous donne envie d’aller boire un café avec Sacha et ses invité·es, quand on ira faire un tour en Belgique.
Un livre à mon image.
Comment raconter son histoire quand les livres ne représentent pas nos familles multiples ? Bam Badam permet de créer son livre de naissance à son image. Deux mamans, deux papas, en solo, en couple exclusif ou en polyamour : c’est vous qui décidez le modèle de votre livre. On a découvert cette initiative à la Pride family, et on a beaucoup aimé. .
Une expo gratuite.
Queer As Fuck, aux Arches citoyennes (Hôtel de ville, Paris). Une exposition collective d’artistes queers se tient du 26 juin au 3 juillet. Plusieurs formes d’art seront présentées comme des performances, des installations, des œuvres vidéos ou encore des photos. Soirée spéciale le 28 juin, on s’y retrouve ?
Plus qu’une Pride.
Cette année, la Pride de Marseille va crier le silence. Celui que l’on nous impose quand on fait trop de bruits, celui dans lequel on se terre lorsque l’on ne trouve pas les mots. Celui des violences sexuelles et des discriminations. Celui aussi qui tue. Jusqu’au 6 juillet, date de la marche, des événements revendicatifs et queers sont proposés par la Pride. Elodie animera aussi deux conférences, la première sur les rôles et enjeux des Centres LGBTQIA+ en France, le 26 juin. La seconde sur les violences sexuelles au sein de nos communautés, le 4 juillet.
Merci de nous avoir lu·es et on se retrouve bientôt ! ✊
merci pour cet article et de visibiliser nos expériences de vie !